17 janvier 2007

Chameaux ou dromadaires

Non, ce blog n'est pas devenu un recueil animalier, ou un annuaire vétérinaire.
Pour des raisons invoquées dans un autre billet, je me replonge de temps en temps dans mes souvenirs d'enfance. Et pour y parvenir, je m'aide de photos des albums de famille, que mon Papa a eu la bonne idée de scanner, et mettre sur cd. Pour mes 30 ans, j'ai reçu 10 cd retraçant ma petite vie, de la première fois où j'ai ouvert les yeux sur le Grand Monde jusqu'au jour où j'ai soufflé ces 30 bougies sur mon gateau!

J'ai retrouvé donc des photos de mes vacances d'enfance, en Tunisie. J'ai passé là-bas mes 12 ou 13 premières vacances d'été, d'une manière ou d'une autre, que ce soit dans la grande villa de mon oncle, ou un club de vacances qui était presque un immense rassemblement de plein de copains.
J'en garde des souvnirs émerveillés de petite fille, qui sont plus de l'ordre des sensations: avant tout, l'odeur du jasmin, entêtante, mais qui pour moi, symbolisera toujours la mer, le soleil et la chaleur. C'est devenu mon odeur préférée, celle qui en une respiration est capable de me projeter dans un autre univers, m'emplir de bien-être, m'apaiser automatiquement. Je revois aussi ces couronnes de fleurs de jasmin, que je portais et respirais à en avoir mal à la tête, et qui fanaient dans ma chambre, en jaunissant, sans pour autant que je me résigne à les jeter.
Il y avait aussi le thé à la menthe, mais celui qu'on buvait avec des pignons...Le jeu étant de mettre plus de pignons que de thé, et surtout ne pas se brûler les mains en attrapant les petits verres. Et regarder avec admiration ces belles théières brillantes, et la façon de servir le thé, en levant bien haut, au point que le verre paraissait tout petit, et se demander comment le liquide pouvait tomber si droit dedans.
Enfin je me souviens de la Noria (mot que j'ai retrouvé dans mes mots fléchés il y a peu, quel heureux hasard), et de ce pauvre âne qui tournait en rond, attaché...Ou alors de temps en temps, c'était un dromadaire, ça dépendait, je le regardais avec peine, déjà petite, je ne supportais pas de voir un animal qui devait travailler...Mais c'est là aussi que j'ai appris qu'en Tunisie, il n'y a que des dromadaires, et pas de chameaux. Et que ceux qui ont le nom le plus long sont ceux qui ont le moins de bosse. La logique des maths m'épatera toujours.

A mon adolescence, pendant quelques années, nous avons changé de destination avant de retourner, une fois, en Tunisie. Et là, certaines choses étaient forcément différentes: j'avais grandi, j'étais devenue une jeune fille, et on me regardait comme telle. Je suis retournée innocemment me balader (en famille pourtant) dans les souks, et j'en garde un souvenir terrible: je ne pouvais plus faire un pas sans me faire agripper, aborder, appeler. Mon père, croyant bien faire, et retrouvant ses réflexes, a continué sur le ton de la plaisanterie, et a décidé de me vendre aux enchères: celui qui proposait le plus de dromadaires (ça n'avait pas changé, il n'y avait toujours pas de chameaux en Tunisie) ne gagnait rien (heureusement) si ce n'est la satisfaction de mon père de savoir toujours aussi bien marchander.
Je l'ai mal pris, forcément. Je n'en veux pas à mon père, loin de là, mais je pense qu'il n'avait pas perçu mon malaise de départ, qui n'a fait que s'accroître, et la plaisanterie était loin, très loin d'être à mon goût!
Le seul qui a compris ma détresse, c'est Frérot: alors haut comme trois pommes (sur une photo, je le vois tirer à l'arc avec un arc plus grand que lui), blond comme les blés, voire même comme les rayons du soleil (et lui, il faisait exploser les prix de dromadaires, mais bon, c'était un garçon, pas une gazelle), il a vaillamment passé son petit bras autour de ma taille, et ne m'a pas lâché de toute la balade dans les souks. Il m'a redonné du courage, je ne sais pas si on a continué à m'agripper, mais je le sentais prêt à frapper avec son bâton en bois, et mon père ne m'a plus marchandée, ça m'a soulagée.

Je ne suis plus retournée en Tunisie depuis ces vacances-là. L'opportunité ne s'est plus présentée, et aujourd'hui, je ne sais pas si je m'y précipiterais. J'aimerais revoir les ruines de Carthage, le bleu de la mer, et sentir à nouveau l'odeur du jasmin, mais je l'avoue, je pense que j'appréhenderais un peu à l'idée de repartir dans les souks, même si je sais que j'ai changé, et que ce ne sera plus du tout la même chose!

4 Comments:

At 2:21 PM, Anonymous Anonyme said...

Ah oui, là il aurait pu avoir son brevet de maladresse les doigts dans le nez, ton papa. Heureusement que Frérot était là.

J'ai eu un gros coup de coeur pour la Tunisie, à tel point que j'ai presque peur d'y retourner maintenant et de n'y pas retrouver ce qui avait fait le charme de l'époque...

 
At 3:25 PM, Blogger Floh said...

Anne: bah, lui a vécu toute son enfance là-bas, il ne voyait donc pas ce que ça pouvait poser comme problème, toutes les femmes se font "marchander" en dromadaires ;) Je suis aussi une petite nature très facilement effarouchable, une vraie gazelle quoi ;)
Je veux bien que tu me racontes ce qui a provoqué ton coup de coeur tunisien, et où tu es allée :) Je ne peux pas te dire, pour le charme, là pour le coup, ça fait vraiment longtemps que je n'y suis plus retournée!

 
At 11:40 PM, Anonymous Anonyme said...

Un début d'explication ici, alors : http://www.chiboum.net/index.php?2006/07/31/577-portrait

 
At 3:02 AM, Blogger Floh said...

Honte à moi, en plus je t'avais commentée ;) J'avais retenu le photographe, mais pas la Tunisie, ne suis-je pas étourdie :)
Et c'est vrai, les rencontres nous font aimer les lieux, là-dessus je suis infiniment d'accord avec toi :)
Bizz :)

 

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